Assurance « Le risque climatique est sous-évalué »
Seules 27 % des surfaces en grandes cultures étaient couvertes par une assurance multirisques climatiques en 2015. Selon Groupama, l’assurance récolte est trop souvent analysée par les agriculteurs comme une charge à fonds perdu, sans tenir compte du risque lié au changement climatique et à la mondialisation.
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Depuis 2009 le Fonds national de garantie des risques agricoles (FNGRA, ex-fonds des calamités), n’intervient plus en cas d’accident climatique sur les grandes cultures. « Si l’on n’est pas assuré à titre privé, il n’y a aucune indemnisation, même en cas de grosses pertes dues au climat comme cette année », soulignait Sophie Bergot, journaliste à La France Agricole lors d’une conférence intitulée « Innover pour sécuriser le métier d’agriculteur » et organisée lors du salon Innov-Agri à Outarville (Loiret), le 7 septembre 2016.
« Suivant les options choisies, le coût de l’assurance après subvention varie de 10 à 20 €/ha, soit 2 à 3 € par tonne, a-t-elle souligné, un coût limité au vu du risque assuré. Pourtant, seules 27 % des surfaces en grandes cultures étaient assurées en 2015. Les agriculteurs s’autoassurent par l’irrigation ou l’épargne. »
Un « gros pépin » tous les 200 ans
Éric Gelpe, directeur de Groupama Paris Val de Loire, poursuivait : « Selon nos “stress tests”, une année comme 2016 se produit tous les 200 ans. Certains agriculteurs se disent : je prends ce risque. Et s’il y a peu de rendement, comptent sur la remontée des cours. Mais entre changement climatique et mondialisation, le raisonnement doit changer : cette année, rendements et prix sont bas ».
Selon l’assureur, « pour baisser ses charges et dans une volonté d’optimisation, l’agriculteur ne s’assure pas. L’assurance est vue comme une charge à fonds perdu. » Un raisonnement qui s’est avéré dangereux en 2016. « Chacun doit mesurer l’impact chez lui, suivant ses sols, son territoire, mais aussi son endettement », a-t-il conseillé.
Brouillard sur les coûts de production
Selon une étude menée par les étudiants de l’école d’ingénieurs UniLaSalle de Beauvais, sur 121 agriculteurs interrogés, seuls 29 % connaissent leur coût de production précisément. Difficile de prendre des décisions de gestion. « L’analyse des comptes s’appuie encore trop sur la trésorerie et la pression fiscale. Pour maximiser le revenu, on baisse la charge fiscale en investissant », regrettait Éric Gelpe.
Marie-Gabrielle MiossecPour accéder à l'ensembles nos offres :